C'est au travers des quatre principaux lieux situés sur la commune de Longny que l'histoire des Forges s'est développée.

En terme de Métallurgie tout a commencé très tôt ; preuve en est qu'un carrier nommé Le Gall, en 1932, découvrit un dépôt de 16 haches datant de l'époque des bronziers normands (fondeurs de bronze), celles-ci estimées, en terme de datation, de la fin du bronze moyen au début du bronze final soit 1200 à 900 avant notre ère.

Cette découverte a été faite au bois de Gencey (à la hauteur du lieu-dit le val du Tellier) à Longny et atteste que nos forêts étaient déjà, à cette époque, habitées par des hommes qui savaient et connaissaient le travail des métaux.

Les haches servaient, bien sûr, aux travaux pratiques comme tailler le bois ou gratter les peaux de bêtes; il est certain que c'était un outil universel qui était aussi une monnaie d'échange, le bronze étant une « valeur sûre de l'époque » ; instituées également en décorations votives, c'est pourquoi certaines d'entre elles possédaient un anneau sur le côté ; ledit anneau était traversé par un lacet de cuir. Ces objets, mis en avant, montraient l'importance de l'individu. Donc haches fonctionnelles mais aussi objet d'apparat.


Haches en Bronze  du dépôt de Longny au Perche
Fig. 8 « le dépôt des haches à talon 
par Gérard Cordier »

Notre canton, comme notre région le Perche, a été très tôt occupé par une tribu Gauloise vers le VI° siècle avant JC les « Aulerci Diablintes». Il est à noter que ces Gaulois, alliés à Vercingétorix, refusèrent de se plier au Dicta Romain et quatre ans après la défaite du chef Gaulois, n'avaient toujours pas déposé les armes. Il ne fait aucun doute qu'à l'époque de Jules César, qui nommait cette province normande « Magnoe Ferrarioe », ces terres étaient très convoitées par les soldats romains (la guerre des Gaules livre VII, chap.22).

Ces derniers avaient grande nécessité de fer pour alimenter en outils et en armes leurs légions, lesquelles partaient vers le nord et vers l'ouest du pays ; ce qui explique que, rapidement, les envahisseurs mirent la main sur nos forges et sur les ferrons gaulois qu'ils asservirent. Dans l'œuvre de Jules César (la Guerre des Gaulles livre VII Chap. 89), on peut lire : « Tel était le nombre des esclaves dans l'empire qu'on osa plus les marquer d'un costume à part, par l'effroi qu'ils vinssent à se compter un jour », Cette multitude composait les deux tiers de la population de la Gaulle.

Il a été retrouvé près de Mezières dans le canton de Tourouvre, sous l'ancienne voie Romaine, une épaisseur d'environ un mètre de résidu de fonderie ; ces fouilles ont permis également de retrouver outils et pièces de monnaie datant de l'époque de l'occupation Romaine. Il n'est d'ailleurs pas rare de trouver des constructions de cette époque contenant des scories ainsi que des restes de fonderie.

L'abbé Godet en fait témoignage dans ses « mémoires historiques de Moulicent » , indiquant que de nombreux emplacements de bas fourneaux ont été découverts sur la commune de Moulicent, la matière était sur place, le bois pour le feu, le minerai pour le fer, les bas fourneaux étaient la façon primitive de fabrication de la fonte ; en effet, un trou était creusé dans la terre , on en tapissait le fond de sable et avec un feu maintenu intense 700/800°, on y faisait fondre le minerai de fer. Ceux-ci ont été dénommés les petits fourneaux, ils étaient carrés, 4 à 5 pieds de haut sur 3ou 4 pieds de côtés et percés de trous destinés à activer le feu avec un soufflet en peau de bête ou une sarbacane.


Armures Gauloises

Pour effectuer la mise à feu, les gaulois chauffaient le fourneau à l'aide de charbons ardents puis jetaient, peu à peu, sur ce brasier le minerai préalablement lavé et pilé, auquel il fallait ajouter un peu de chaux ou de marne. Au fond de cette sorte de cheminée était creusé un bassin qui recevait la fonte en fusion ou bien encore ledit bassin était creusé en contre bas pour permettre l'écoulement de la fonte.

Par la suite, ont été créés des fours un peu plus importants que l'on appelle encore les fours à bras (ou fours volants) c.a.d que les soufflets étaient actionnés à bras d'homme. C'étaient les forges dites « catalanes ». Il s'agissait de petites maçonneries d'environ un mètre au carré, d'un mètre cinquante de hauteur voire un peu plus pour certaines ; sont apparus également, à cette époque, des édifices ronds dans les mêmes dimensions.

Dès la fonte écoulée,   le fondeur ouvrait  un conduit appelé « Queue de Renard » par où s’écoulait les laitiers amassés à la surface de la fonte ;  quand ceux-ci étaient sortis, on ouvrait un second conduit à la base du petit fourneau par où s’écoulait la fonte utilisable.
Apparaissait alors une pâte noirâtre,  un peu molle que l'on façonnait sur place en fonction des besoins mais l'intensité du feu d'alors ne permettait pas d'en tirer de très bons résultats utilitaires.

Ce système que l'on appelle 'procédé direct' (puisque le métal était travaillé à la sortie du four) a été utilisé tant que la main d'œuvre locale était disponible et peu onéreuse. Cependant, les besoins en fonte et en fer se faisant ressentir de plus en plus dans la vie courante, il fallut trouver d'autres moyens pour actionner les soufflets et obtenir une intensité de chaleur permettant une meilleure combustion du minerai ; le coût d'exploitation, incluant la main d'œuvre, a fait réfléchir les Seigneurs sur une nouvelle orientation, notamment la voie d'une exploitation hydraulique.


Four à bras



Le Moulin de Rainville 61290 Longny au Perche - Tél. 02 33 83 74 91 - courriel : le.moulin.rainville@orange.fr